Des habitations sucrières aux distilleries actuelles

Les Caraïbes sont reconnues historiquement pour avoir été les premières véritables cultures sucrières, mais la canne à sucre n’est pas une espèce endémique des Petites Antilles. Ce roseau sucré est en réalité originaire du sud-est asiatique. Au fur et à mesure du développement des routes fluviales et maritimes, la canne à sucre voyage vers l’ouest, c’est Christophe Colomb, lors de son second voyage en 1493, qui introduit des plants de canne à sucre venus des Canaries à Haïti. Dans un second temps, l’arrivée des européens, notamment des juifs Hollandais en Martinique au XVIème siècle déclenche l’essor de l’économie sucrière, les autochtones sont réduits à l’esclavage. Devenue française au XVIIème siècle, la Martinique importe les premiers esclaves venus d’Afrique à cette époque sous les ordres de Louis XIII. Des milliers d’hommes et femmes arrivent sur l’île pour travailler dans les plantations de canne à sucre, dans les conditions que l’on connaît. 

A la fin du XVIIème siècle, l’arrivée en masse des Hollandais et des Portugais à Rivière-Pilote provoque la création de plusieurs habitations sucrières, qui se développent tout le long du XVIIIème siècle. Elles passent de 3 en 1670 à 14 en 1770. Au début du XIXème siècle, l’exploitation de la canne constitue l’activité économique la plus fructueuse de la commune, et plus globalement de l’île, avec un total de 371 sucreries sur le territoire.

En 1860, le début de la création des usines centrales scinde les secteurs agricoles et industriels ; les habitations sucrières se retrouvent consacrées uniquement à la culture de la canne, tandis que les usines la transforment en sucre. Cependant, les rendements économiques des centrales sont mitigés, en raison de la crise du sucre des années 1880, les habitations sucrières se convertissent ainsi en distilleries. 

Aujourd’hui, la distillerie Mauny, inaugurée en 1749, est encore en activité, c’est l’une des distilleries les plus grandes de Martinique. On y distille le rhum blanc agricole La Mauny ainsi que les rhums Duquesne et Trois-Rivières. Le lieu est ouvert à la visite, accompagné d’un guide, afin dans apprendre plus sur la culture du rhum. Pendant la période de récolte, de mi-février à mi-juin, on peut découvrir le cheminement de la canne et sa transformation en rhum, en apprenant le fonctionnement des machines en marche. Depuis 1996, le rhum La Mauny dispose de l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), certifiant la qualité du produit et illustrant ce savoir-faire ancestral.

Une biodiversité préservée, en terre et en mer

Mornes, anses, spots de plongée, mangrove, panoramas saisissants, la commune comprend de multiples sites aux divers attraits biologiques. Dominée par trois points culminants, le Morne Honoré (388m), le Morne Vent (377m), et le Morne Aca (252m) offrent tous des randonnées et des panoramas remarquables, notamment sur le Morne Larcher, plus connu sous le nom de la Montagne de la femme couchée. Situé sur la Pointe Borgnèse, qui borde les communes de Rivière-Pilote et du Marin, le Morne Aca forme l’une des plus vastes forêts du sud de l’île, on y trouve une flore protégée et variée, plus d’une centaine d’espèces d’arbres y sont recensées. 

A l’entrée du bourg, se trouve le rocher zombi. Cette curiosité géologique est un rocher de brèches volcaniques qui reposent sur un soubassement calcaire, un phénomène très rare. D’environ 100m de hauteur, il ravit les amateurs d’escalade, mais son sentier aménagé permet également de parcourir le rocher à pied, pour une balade d’une heure aller-retour. 

Plongée, snorkeling, Rivière-Pilote permet également de découvrir la vie sous-marine. Plusieurs sites de plongée sont accessibles sur la commune. La plage de l’Anse Figuier garantit un accès libre au snorkeling, au cœur des eaux turquoises et transparentes. Leur calme est idéal pour découvrir les coraux et poissons exotiques colorés. 

A la pointe Borgnese, magnifique plage au sable fin blond, il est également possible de plonger, et de découvrir dans le tombant des espèces coralliennes extrêmement variées, le récif s’étendant du morne Larcher jusqu’à la presqu’île de Sainte-Anne. Herbiers, corail cerveau, corail étoilé, éponges, poissons chirurgiens, étoiles de mer, l’expérience est riche en couleurs et en découvertes. Bordée par une forêt aride, en raison de la très faible pluviométrie, cette dernière accueille une avifaune diversifiée, peut être aurez vous la chance de croiser des espèces protégées telles qu’une paruline jaune, un quiscale merle, ou un sporophile rouge-gorge endémique des Petites-Antilles.

Toute cette biodiversité sous-marine est protégée en grande partie par la mangrove dite Trou du diable présente sur la commune, dont un pont a été érigé au-dessus pour atteindre les plages du sud sans passer par le bourg. Cette forêt littorale vivant inondée est présente uniquement en milieu salin, et a pour fonction d’éviter l’érosion des côtes et de protéger les herbiers et les formations coralliennes des dépôts sédimentaires ; elle abrite peu d’espèces en raison du manque de dioxygène, ses arbres disposent de racines ancrées dans le sol sableux ou vaseux, afin de rester stables.

Rivière-Pilote, territoire aux saveurs et senteurs apportées par la mer

Au Jardin Las Palmas, découvrez un jardin rendant hommage aux palmiers. Cette immense palmeraie est constituée de plus de 300 espèces, enrichies par les importations des plants lors de voyages dans le monde entier. L’écomusée de la Martinique dispose également d’une collection consacrée à l’agroalimentaire, aux saveurs créoles. Il est bordé d’un jardin Caraïbes, qui valorise la culture agricole martiniquaise. 

Du lundi au samedi, de 7h30 à 13h, se tient le marché couvert, réputé pour être l’un des plus animés de l’île, au cœur du bourg. Fruits, légumes, épices locales, ti-punch, sucreries, accras, ce marché aux couleurs créoles saura ravir vos narines avec ses senteurs embaumantes. Accolés au marché, des petits restaurants proposent des plats typiques, pour une invitation à découvrir la cuisine créole. Cette créolisation culinaire s’est construite avec les diverses phases de métissage de l’île. Lors des phases coloniales, de l’importation d’esclaves venus d’Afrique, des migrations indiennes au XIXème, de nombreux imports maritimes ont contribué à constituer la culture culinaire martiniquaise telle qu’on la connaît aujourd’hui. Les africains ont par exemple amenés avec eux le gombo, le bœuf, des herbes aromatiques telles que le thym et le laurier, la cuisson à la braise et à la flamme. Au XIXème, le curry est importé depuis l’Inde, le riz depuis les Etats-Unis. Ces denrées et ces modes de cuisson importés par la mer ont permis de constituer la cuisine créole telle qu’on la connaît aujourd’hui.