DESTINATION SUD MARTINIQUE

L’île originelle

L’héritage des premiers arrivants
On ne sait pas exactement à quel moment de l’histoire, ces terres émergées ont connu leur premier peuplement, mais on situe autour du premier millénaire l’arrivée des amérindiens des plateaux de Guyane et des côtes du Venezuela, d’abord à l’extrême nord de l’île, puis dans le Sud, au Diamant et sur les îlets, à l’Anse Trabaud, à Macabou…dans des zones favorables à la pêche et à la récolte des coquillages qu’ils maitrisent parfaitement et dont les pêcheurs d’aujourd’hui sont les héritiers. Artisans habiles, ils fabriquent bon nombre d’outils en bois, en os, en coquillages et surtout en pierre. Roches gravées, roches à cupules ont traversé les siècles et cet art rupestre que l’on peut admirer à Sainte Luce ou à Rivière-Pilote, garde encore ses secrets. Ils ont transmis aux premiers colons leur façon de vivre en harmonie avec la mer et les ressources locales, les techniques de navigation ainsi qu’un grand nombre de recettes apportées lors de leurs traversées et qui font désormais partie de la culture locale.

Des terres en partage

L’installation littorale des Habitants et la naissance des quartiers et des paroisses

Après quelques années de cohabitation pacifique, les colons, un peu à l’étroit pour étendre leurs exploitations, poussent peu à peu les amérindiens hors de l’île jusqu’à les expulser par la force. Dès lors, le champ est libre pour des installations vers les rivages et la côte est du sud de l’île. Des concessions sont accordées aux nouveaux arrivants pour planter des champs de tabac, puis de canne à sucre depuis les bordures de l’océan vers les mornes. Les religieux, capucins, jésuites puis dominicains venus de métropole avec les colons pour évangéliser les populations, accompagnent les nouveaux habitants et créent les premières paroisses. D’abord les Anses d’Arlets, le Cul-de-sac à vaches qui formera les Trois Îlets et Rivière salée en 1716, le Diamant, Fort Royal, le Marin, Sainte-Luce, puis plus tard, le François, Rivière Pilote et Trou-au-Chat qui devient Ducos en 1687 et dont une partie sera rattachée à Rivière salée. Les Habitations qui réunissent dans un même espace, bâtiments d’exploitation, plantations, maisons de maitre et lieux de vie pour les travailleurs serviles, poussent sur tout le littoral, le plus souvent proches de la mer pour acheminer facilement les productions par cabotage, vers les ports de Saint Pierre, de Fort Royal et de la Trinité. Les habitants de ces quartiers du Sud prennent la mer pour se nourrir, parfois trafiquer avec les bateaux étrangers, vont couper du bois sur l’ile voisine de Sainte Lucie ou chercher le sel et la viande plus loin dans la mer des Antilles, Partout ici le commerce et la vie tournent autour de l’eau.

Les terres apaisées tournées vers la mer
Aujourd’hui le charme de ces communes avec leurs églises à portée du rivage, sortes d’amers pour tous les marins, est tissée dans les entrelacs de cette histoire. Maisons de pêcheurs, cases créoles, marchés colorés, quartiers aux noms surgis du passé, se mêlent autour de plages au sable blanc dans une ambiance joyeuse et métissée. Pourtant, la plupart d’entre elles ont été le théâtre d’affrontements entre français et anglais au temps où les rivalités européennes se jouaient dans les mers des colonies, entre blancs et noirs lors de l’insurrection de 1870 qui a embrasé tout le sud de l’île, elles ont vu se déployer toute une économie autour du rhum souvent controversée dans les périodes sombres du commerce triangulaire mais désormais devenu fierté nationale et produit d’excellence. Elles ont gardé de ces temps anciens cette habitude de vie maritime et il n’est qu’à voir la multitude de bateaux qui mouillent dans les anses, la diversité des embarcations sur les plans d’eau, la foule des dimanches qui pique-niquent à l’ombre des cocotiers où encourage joyeusement les coureurs de yole, pour comprendre que prendre la mer, chez nous, c’est avant tout mieux connaitre la terre.