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DESTINATION NORD MARTINIQUE

Escale des Routes Bleues Mythiques de la Martinique

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DESTINATION NORD MARTINIQUE

Cap nord, un paradis vert et bleu

Ici règne la montagne Pelée qui donne aux paysages des airs de jungle à la végétation luxuriante pour des randonnées hors des sentiers battus. Dépaysement garanti ! D’un bord à l’autre du cap nord, la mer des Caraïbes fait place à une côte sauvage, les plages paradisiaques au sable noir scintillant se transforment en falaises déchiquetées. Les routes panoramiques serpentent entre fabuleux patrimoine, ombre et lumière, et quelques fulgurances de bleu océan. Mettez vos pas dans ceux des amérindiens, des premiers colons…, venus rêver d’un ailleurs plein de promesses.

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Les récits de la mer

Et si l’histoire du Nord Martinique vue de la mer m’était contée

L’eau, élément fondateur

Comme l’attestent les écrits des chroniqueurs et les récits des anciens, les installations humaines se font sur des lieux très particuliers, certainement restés les mêmes depuis leur tout début, grâce à des transmissions culturelles des premiers habitants amérindiens à ceux qui les ont suivis, de Taïnos à Caraïbes, Européens, Africains, Syro- Libanais, Indiens et Asiatiques. Les manières de se déplacer, d’habiter, de jardiner, de chasser sont des héritages très anciens, enrichis par des apports extérieurs au fil du temps. Ainsi, anses, crêtes, rivières et ravines traversent les époques en tant que lieux remarquables, parce qu’il est plus aisé et rapide d’accéder au territoire par la mer pour voyager, transporter productions, bois et vivres ; parce que les rivières sont une source d’eau douce ; parce que les chemins de crêtes permettent, dans une végétation luxuriante de se repérer avec la mer, les étoiles, les îlets et l’île voisine de la Dominique.

Un territoire source de convoitise bien avant la colonisation
Dans cette logique de vallées et à cause de cette topographie très particulière, les usages qui ont façonné les premières installations du XVIIe siècle puis les domaines des habitations jusqu’au milieu du XXe siècle, étaient déjà à l’œuvre à l’époque des Caraïbes, soit pour des raisons symboliques de limites territoriales, soit pour des raisons pratiques d’installation et de mise en culture. Les rares parties planes, les fonds de vallée et certains mornes, les anses accessibles par la mer ou les plats pays à l’arrière, sont les situations où l’on retrouve les habitations et les constructions associées, ainsi que les terres défrichées et cultivées à une époque ou à une autre, pour les productions vivrières ou de rapport. On y retrouve les ichalis puis les jardins créoles, certains se tenant aussi sur les costières pour des cultures qui aiment des conditions plus sèches. Les rivières, comme source d’eau potable, d’irrigation et d’énergie, dotées de systèmes hydrauliques très ingénieux dès la fin du XVIIIème siècle, avec prises d’eau et réservoirs maçonnés, sont, elles aussi des points d’attraction précieux.

Sous l’ombre tutélaire de géants
Dans cet écrin, le nord de la Martinique apparaît comme un paradis tropical, un jardin d’Eden qui décline lentement côté Atlantique et s’arrête au pied de falaises entrecoupées d’anses côté mer des Antilles. Au-dessus, majestueux, les pitons du nord de l’île et la Pelé, comme l’appellent les locaux, se dressent entourés de nuages. Ici plus qu’ailleurs la notion d’île volcan née de la mer prend tout son sens. Elle attend patiemment que le classement à l’Unesco de ces géants, vienne leur rendre justice ! Témoins des derniers soubresauts de la plaque tectonique qui sépare les fonds de l’océan de la mer des Caraïbes, ces colosses en sommeil, dont les réveils violents émaillent l’histoire de la Martinique depuis des millénaires, demeurent les amers inaliénables de tous les navigateurs.

Des terres fertilisées par le volcan à portée d’embarcation
Peut-être les amérindiens venus des rives de l’Orénoque aux premiers temps de notre ère se sont-ils fiés à ce signal pour atteindre les rivages de l’île ? Ils ont en tout cas choisi de s’installer à ses pieds, déjà conscients de la fertilité de ces terres agricoles volcaniques. Ces pionniers implantent leurs villages en bord de mer, à proximité immédiate d’une embouchure de rivière, à la convergence de la forêt humide et de la bande côtière où ils cultivent des jardins dont l’irrigation est assurée par une forte pluviométrie due à la proximité des hauteurs et de la grande forêt humide. Les fouilles archéologiques entreprises ces dernières années témoignent de la présence d’anciens sites à Fond-Laillet, Fond-Bourlet, Fond-Capot, Pothuau, Le_Coin, Petite-Anse, ou encore au Carbet, avec un polissoir utilisé pour façonner des outils et montrent une occupation importante de cette côte nord soit en fond de vallée (Fond-Brûlé, Grande Anse), soit sur des plateaux côtiers (Vivé, Moulin l’Etang). Des villages de pêcheurs, de potiers, et d’agriculteurs, plus récents, sont aussi retrouvés à proximité du littoral et aux abords de rivières car ces emplacements favorisent les déplacements et l’accès à l’eau douce. Les nouveaux arrivants introduisent, outre le coton, des plantes vivrières, toujours cultivées et consommées localement : manioc, patate douce, igname, ananas, papaye, piment…
Ces nombreuses cultures vivrières et les jardins créoles luxuriants, nombreux dans le nord de l’île aujourd’hui, ont été hérités de ces traditions agricoles ancestrales transmises par des générations successives de migrants qui ont peuplé les lieux.

Un passage vers la mer des Antilles et ses îles

Ces premiers occupants ne sont pas seulement cultivateurs, ce sont aussi des guerriers capables de s’agréger sur de grands projets d’expéditions guerrières vers les Grandes Antilles, Porto Rico et le continent. Ils naviguent dans toutes les petites Antilles et particulièrement à la Dominique où un grand nombre trouve refuge quelques siècles plus tard au moment de l’expulsion par les Français.

Entre les deux îles, l’histoire a tissé des liens communs. Le canal entre La Dominique et la Martinique est depuis les premiers temps, un passage incontournable pour tous les navigateurs car le système des vents l’ouvre aussi bien vers le nord que vers le sud du bassin de la mer des Antilles. Ceux des premières expéditions à bord de leurs vaisseaux transatlantiques, poursuivant les galions espagnols pour les piller ou se rendant au Brésil, ont emprunté ces routes mises au point par Colomb et ses successeurs et visé la Dominique pour entrer ou sortir de la mer des Antilles. Espagnols puis Français, profitaient de la proximité des côtes pour relâcher du côté de grande Rivière, y faisaient le plein d’eau et de bois en toute tranquillité et troquaient déjà avec les indigènes.
Les plages battues par les vents et la houle, d’un abord souvent difficile, deviennent peu à peu des lieux de refuge pour des naufragés ou des navires en difficulté et des repères de boucaniers. Après y avoir cherché de l’eau, des vivres frais et du gibier, certains s’implantent durablement dans les îles délaissées par les Espagnols. Forbans et flibustiers commencent à planter quelques champs de pétun (tabac), bien avant de songer à en faire une colonie et ces escales se transforment peu à peu en séjours prolongés.

Des anses bien protégées pour installer les communautés
Ces premières communautés de marins approvisionnent les équipages de passage en viande fraîche et boucanée et fournissent de petites cargaisons aux capitaines venus traiter aux Amériques.
Quand les projets de colonisation se précisent au XVIIe siècle, certaines anses sont abandonnées au profit de sites qui correspondent davantage aux exigences d’un établissement colonial. Des points où l’on peut aborder avec des chaloupes ou des bateaux pour prendre livraison du pétun, des espaces entourés d’un relief rendant difficile la progression d’un assaillant par voie terrestre et qu’il est possible de fortifier, des terres propices à la culture où l’on peut implanter des habitations et défricher la terre, sont privilégiés.

En 1635, le flibustier Pierre Belain d’Esnambuc prend possession de la Martinique et érige le fort Saint-Pierre au fond d’une vaste rade, zone de mouillage essentielle au projet de colonisation et au commerce, au pied de la montagne Pelée et des pitons d’où l’eau dévale creusant son chemin entre les mornes.
La Martinique est un enjeu important entre l’Angleterre et la France, entrées dans la course au Nouveau Monde. Les traces de systèmes défensifs sur les hauteurs, en bordure de la côte témoignent du besoin de protection des populations locales dès les premiers temps de l’occupation. Ce qui n’empêche pas les ces conflits qui émaillent le XVIIème siècle, de se poursuivre aux siècles suivants, se soldant plusieurs fois par le passage de l’île sous la souveraineté anglaise.

Dans un premier temps, du fait de la présence des amérindiens, les Français s’implantent prioritairement autour de la Montagne Pelée et de Saint Pierre. Puis avec la partition de l’île et plus encore l’expulsion des Caraïbes par la force, de nouvelles plantations voient le jour, un peu partout autour de l’île, d’abord vers le nord, puis le sud de la côte caraïbe et enfin sur la côte atlantique.

Saint Pierre, première capitale des Antilles

Saint Pierre, au nord, est surtout connue pour être un lieu de passage des navires qui veulent circuler dans les Antilles. Comme dans la plupart des ports des îles colonisées, c’est le lieu de résidence des premiers gouverneurs quand ils posent pieds sur la terre ferme. Ils s’installent d’abord à la Basse-Terre de Saint-Christophe puis à Saint-Pierre, lorsque Saint-Christophe passe aux mains des Anglais. Peu à peu, la Martinique devient « la plus considérable des Isles de l’Amérique qui sont habités par les François ». Le port se dote d’un certain nombre d’équipements pour accueillir des équipages toujours plus nombreux. C’est avant tout un centre marchand. Les équipages ne se contentent pas d’ancrer leur navire au large du fort, ils mettent régulièrement pied à terre, consomment sur place et participent au développement de la ville et à l’accroissement de la communauté. Au centre de l’anse il y a le Fort Saint-Pierre ainsi qu’une série de batteries qui permettent d’assurer la sécurité de l’ensemble de l’espace et des navires séjournant dans le port. Les bâtiments commerciaux et les magasins sont situés sur le rivage dans une zone appelée le mouillage. Des bateaux de toutes tailles transitent par le port, soit arrivant de métropole, soit au départ pour le vieux continent, car toutes les colonies françaises implantées dans les îles des Antilles ont l’obligation de faire transiter leurs marchandises et le rhum en particulier par Saint Pierre où se trouve l’administration centrale des colonies françaises. A cela s’ajoute le va et vient des flottilles de barques qui sillonnent la mer des Caraïbes vers les quartiers de l’île et des îles voisines ou assurant le transport des productions depuis ces rades vers le port capitale. Saint Pierre assure ainsi jusqu’au XIXème siècle la fonction de tête de pont pour toutes les colonies françaises des Antilles. Malgré le déplacement du Palais du gouverneur à fort Royal en 1692, le port garde son titre de capitale économique et du commerce maritime de la Martinique.

Des marchands et des missionnaires s’installent au sud, puis à l’est
Peu à peu, le Plat Pays de la Capesterre jusqu’à la baie de Trinité est ouvert à la colonisation, le système défensif se développe avec la mise en place de batteries en complément des forts et de nouveaux immigrants s’implantent vers le nord puis vers le nord-est. Des marchands s’installent à la Basse Pointe, au Marigot, au Prêcheur, au Carbet, à Macouba … soit quasiment tous dans la partie nord-ouest de l’île, proches des ports de Saint-Pierre et Fort Royal. Cette communauté de marchands dope l’attractivité et le dynamisme des sites et incite les équipages à s’y arrêter en priorité.

La colonisation s’accompagne et se justifie aussi, dès ses débuts, par la présence de quelques séculiers et de plusieurs ordres missionnaires venus de métropole. Pendant les premières années, il n’existe pas de paroisse à proprement parler et les missionnaires itinérants, passent dans les différents quartiers pour répondre aux besoins de la population. Aujourd’hui les croix, les oratoires, les calvaires que l’on retrouve le long des chemins communaux, marquent le paysage et signent l’avancée du christianisme des premiers temps. Ils donnent lieu à des processions importantes, particulièrement le Vendredi saint.

Un nouveau port sur l’Atlantique
Le port de la Trinité, s’ouvre au commerce Atlantique. La baie, en capacité de recevoir des embarcations de fort tonnage, voit peu à peu sortir de terre de nombreux équipements qui vont aider à l’expansion des occupations de nouvelles plantations sur cette façade de l’île. Les colons s’implantent assez rapidement dans ce nouveau quartier, d’abord aux environs du fort afin d’y trouver protection en cas de danger, puis vers la baie de La Trinité, la côte nord de la Caravelle et vers le nord dans les parages de Petite Rivière Salée. La quantité considérable de cacao, de sucre, de coton et que l’on y fabrique y attire bon nombre de marchands et quantité de vaisseaux particulièrement ceux de Nantes.

Des terres difficiles à exploiter

Sur cette côte rocheuse, les pointes qui succèdent aux anses et qui ont servi, dès l’origine de l’implantation humaine d’amers, les petites rivières et les ravines même profondes, sont les lieux privilégiés de l’occupation coloniale. Les pionniers arrivent sur des terres difficiles à exploiter à cause de la déclivité du terrain, de la forêt encore partout présente, des nombreuses ravines… et laisse peu de place aux cultures pour les nouvelles habitations. Les surfaces concédées, sont attribuées en fonction des cultures pratiquées, elles sont plus petites que dans le reste de l’île car fondées sur une exploitation vivrière et de plantation de tabac, peu exigeantes en main d’œuvre. Elles sont et resteront d’ailleurs toujours plus petites que sur l’ensemble de l’île. Toutes partent du battant des lames et s’arrêtent au sommet des montagnes visibles depuis le rivage, mais seules les parties planes et proches de la mer sont d’abord exploitées.

Des cultures diversifiées
La forêt qui occupe les hauteurs est laissée à la colonisation moins visible des marginaux de la société. S’y côtoient esclaves de jardin, chasseurs déjà presque libres de fait, marrons d’un mois ou de dix, créoles, libres de couleur et flibustiers, à distance et pourtant jamais bien loin d’habitants complaisants ou peu scrupuleux.

Beaucoup moins isolées qu’aujourd’hui puisqu’on y circulait à pied, à cheval le long d’un chemin côtier sinueux entre basse pointe et le Prêcheur, elles étaient aussi reliées par la mer et une série d’anses où des canots assuraient la liaison, depuis la baie de Saint Pierre, avec le Macouba, le Plat Pays de la Basse Pointe, le marigot, Sainte Marie… De nos jours, de la Caraïbe à l’Atlantique, seul un sentier permet de traverser à pied cette vaste succession de vallées étroites, alternance de crêtes balayées par les vents, de creux entaillés par les pluies, marquée par le changement de la sonorité de l’eau, selon que l’on s’avance vers les mornes battus par le ressac ou que l’on revient aux fonds parcourus par l’eau douce des rivières.

Au début, on cultive des vivres et du tabac, introduit et déjà cultivé par les Amérindiens au même titre que le coton, le roucou, la banane, probablement le cacaoyer… Les navigateurs européens débarquent l’indigo et le gingembre, puis le cocotier et le corossol. Pour la canne à sucre, il semble qu’elle ait été apportée par Christophe Colomb sur une des îles voisines et amenée sur l’île lors des échanges fréquents, mais le relief accidenté, et la densité de la végétation laissent peu de terrains propres à sa culture. La culture du café et du cacao se répand au 18ème siècle car elle convient mieux aux terres des étages supérieurs sur des coulées humides mais la spécialisation des cultures fait peu à peu disparaitre le tabac et l’indigo qui ont pourtant fait vivre des générations d’habitants.

La configuration originelle se retrouve maintenant et ce malgré le regroupement des terres agricoles opéré au XIXème siècle au moment de l’industrialisation de la culture de la canne à sucre et de l’établissement des premières usines sucrières. La morphologie du territoire limite la mécanisation. Les deux tiers des superficies cultivées occupent une surface de moins de 3 ha. Dans cet environnement rural, éloigné des grands centres industriels, les habitations se tournent très tôt vers la production rhumière tandis que les cultures secondaires et vivrières se maintiennent largement et sont souvent préférées aux cultures d’exportation. Cette paysannerie naissante assure son autonomie en se tournant vers la production cacaoyère et la polyculture vivrière, dessinant les paysages culturels inédits du nord de la Martinique contemporaine.

Les paysages originels de la Martinique aujourd’hui préservés

Quand on voit à présent ces paysages magnifiques aux allures de forêt vierge, on pourrait penser que les espaces forestiers qui les portent n’ont fait l’objet d’aucune pénétration humaine. Et pourtant, l’Histoire nous enseigne que leur occupation est une histoire ancienne, depuis les civilisations amérindiennes jusqu’à la colonisation qui en fit les supports d’une importante activité agricole, voire industrielle.

Si une partie de ce couvert forestier demeure primaire l’autre résulte de la reconquête de ces lieux, précédemment habités, par une végétation luxuriante et puissante. Des lieux qui sont donc le théâtre d’une certaine imbrication entre Nature et Culture entre patrimoine naturel et patrimoine historique.

Là-haut, la montagne pelée, rayonnante dans ses draps de verdure veille. Elle offre un couvert forestier sauvage et inaccessible, d’une incroyable beauté. En balcon sur la mer, c’est le paradis des amoureux de la nature qui profitent d’escapades hors du temps et du monde. Ce conservatoire biologique naturel recense les espèces les plus rares de la Martinique qui y ont établi leur quartier, parfois depuis les temps immémoriaux et dont certaines n’existent que dans les Petites Antilles.

La côte, parsemée de plages de sable volcanique aux reflets d’argent, venu tout droit de la montagne Pelé, n’a rien à envier à celle du sud de l’île. Sauvages, préservées, véritables havres de paix ou soumises à la houle atlantique, les plages du nord forment de petits îlots exotiques tant propices à la méditation, qu’aux sport de glisse ou la plongée sous-marine. Elles font le bonheur des amoureux de mère nature.

A ces témoins physiques de la présence humaine, s’ajoutent également les marques inscrites dans la mémoire des femmes et des hommes qui font le territoire d’aujourd’hui, tout en demeurant les passeurs et les transmetteurs de la mémoire de ces lieux aux générations de demain.