Sur la Route Bleue Mythique de la Caraïbe By Odyssea

LA COMMUNE DE MACOURIA

Escale Patrimoine Phare de la Caraïbe – Destination Guyane – Amazonie

Macouria

Trait d’union entre la mer et les savanes herbeuses

La commune débute après le pont du Larivot qui enjambe la rivière de Cayenne. La longue côte, soumise à la dynamique côtière, est recouverte de mangrove, mais il arrive que le phénomène d’envasement et de désenvasement permettent à des plages de sable de se dévoiler. Macouria marque le début des Savanes qui s’étendent jusqu’à Iracoubo. Passage obligé lorsqu’on quitte l’île de Cayenne pour rejoindre Kourou, Macouria mérite une petite halte, voire une longue pause. Contrairement à beaucoup de communes de Guyane, elle n’est pas au bord de l’eau mais n’en est pas très éloignée. Les villages amérindiens de la commune, Kamuyeneh ou Norino où les Palikurs proposent un marché artisanal, la balade en kayak sur la crique Macouria, le zoo et le jardin botanique constituent des points d’attractivité de la commune. Macouria ce sont aussi des étapes-saveurs avec le miel, la vanille ou encore le marché nocturne des producteurs…

Sur la Route Bleue Mythique de la Caraïbe destination Guyane-Amazonie

ET SI L’HISTOIRE DE MACOURIA VUE DE LA MER ET DES FLEUVES M’ÉTAIT CONTÉE

Carte de la Guyane françoise et l’isle de Cayenne

Lors des premières expéditions menées en Guyane au début du XVIIe siècle, notamment par Daniel de La Touche de La Ravardière en 1604, le territoire de Macouria est peuplé d’Amérindiens Palikurs. Les recherches archéologiques menées sur le secteur ont notamment mis au jour la présence de champs surélevés qui servaient, entre autres, à la culture du maïs. Les Palikurs sont toujours présents sur la commune et vivent dans les deux villages de Kamuyeneh et Norino.

La conquête de ce territoire a donné lieu à des conflits opposant autochtones et conquérants. En 1644, le gouverneur Charles Poncet de Brétigny décède lors d’une escarmouche avec les Amérindiens, pointe Macouria, à l’embouchure de la rivière de Cayenne, après avoir tenté de rejoindre la rive en chaloupe. Il marquera l’Histoire de la Guyane en étant le premier gouverneur mort dans la colonie.

Déjà présents en Guyane, notamment sur l’Île de Cayenne, les Jésuites s’installent sur le territoire et créent la paroisse Saint-Joseph, pointe Macouria, aux environs de 1710. Les pères Lombart et Ramette se lancent dans une vaste campagne d’évangélisation des populations amérindiennes. Les Jésuites sont également à l’origine de la création de l’habitation Guatemala où seront cultivés du roucou, du cacao et du café. Une ménagerie y est créée conférant au site une attractivité certaine. Macouria prend son essor et 300 fidèles y vivent et y travaillent. Le quartier, rapidement, deviendra un bourg.

Tout autour, d’autres habitations s’implantent dans le courant du XVIIIe siècle. La Béarnaise, Le Courbary, la Félicité, Belle-Terre, Trésor… autant de noms qui feront la réputation de Macouria pendant de nombreuses années. Dans les années 1830, Macouria est le quartier le plus riche de la colonie. On y cultive notamment du coton et de la canne à sucre et des cultures vivrières que la proximité de Cayenne rend facile à écouler. En 1830, le quartier de Macouria compte 1600 habitants, dont la grande majorité sont des esclaves noirs. 

En 1847, un nouveau quartier est créé : l’Habitation la Béarnaise, vendue au gouvernement de Guyane par les héritiers, devient le bourg de Tonate, du nom de son premier propriétaire. Une nouvelle église, baptisée église Saint-Jean-Baptiste est érigée en son centre. Elle fait face à un canal d’accès à la mer, à l’époque seule voie de communication avec les autres quartiers de la colonie.

Un an plus tard, l’abolition définitive de l’esclavage verra l’abandon des habitations au profit d’une culture sur abattis. Les esclaves maintenant libérés préfèrent Cayenne, abandonnant petit à petit le quartier de Macouria. En 1911, la commune ne compte plus que 790 âmes.

Le secteur de Macouria retrouvera un regain d’intérêt avec l’arrivée en Guyane de l’aviation dont l’histoire débute en 1919. C’est sur l’eau que les premiers avions se sont posés. Les Transports Aériens Guyanais assureront pendant quelques années des liaisons entre Cayenne et Saint-Laurent et jusqu’à l’affluent du Maroni, l’Inini, pour y approvisionner les sites aurifères. La TAG mettra définitivement la clé sous la porte en 1921. Un accident sur le Maroni et la mort du pilote marqueront le coup d’arrêt de ce rêve.

Mais l’avenir et le développement passant par les airs, un projet aérien est relancé, dès 1928, et de 1936 à 1943, des hydravions viendront amerrir, à l’embouchure de la rivière de Cayenne, à la pointe Macouria. Ces hydravions de la Compagnie Pan American Airways assureront pendant ces quelques années, des liaisons vers l’Amérique du Sud, et c’est ici, en Guyane, qu’ont eu lieu les escales techniques. Sur le site, à marée basse, on peut encore apercevoir les restes d’un appontement.

Au début  des années soixante-dix, les instances parisiennes ambitionnent de doter la Guyane des moyens de son développement. Le plan vert devait permettre au département de se développer autour d’une économie agricole. C’est dans ce cadre que furent créées des exploitations agricoles sur le secteur de la Carapa. Les parcelles concédées pour l’essentiel à des Réunionnais étaient dévolues à l’élevage bovin, porcin et avicole, dans l’idée d’approvisionner le marché local.

Le construction du pont du Larivot en 1976 permettra le désenclavement de la commune et son expansion. En 2018, Macouria comptait plus de 15 000 habitants. Un chiffre toujours croissant au vu des constructions qui ne cessent de s’enchaîner sur le territoire et des nouveaux quartiers qui sortent de terre.

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Amérindiens

Saveurs et senteurs

Biodiversité

Canne, sucre et rhum patrimoine

Amérindiens

Champs surélevés, pratique agricole oubliée

Difficile d’estimer la population amérindienne en Guyane à l’arrivée des premiers colons. Certaines études se basent sur une fourchette allant de 8000 à 15 000 habitants, d’autres avancent un chiffre plus proche de 60 000, sachant que seule la population du littoral a pu être recensée et que l’intérieur des terres était aussi peuplé, en témoignent les vestiges retrouvés au bord des criques et au pied des inselbergs de l’intérieur.

Macouria, comme tout le littoral, était la terre des indiens Kali’nas, ou Galibis comme les ont nommés les premiers explorateurs. Peuple nomade à l’origine, ils ont commencé à se sédentariser à partir de 500 avant J.-C. sur les cordons sableux du littoral et sur les grandes savanes qui s’étendent de Cayenne à Iracoubo. Ils ont alors développé des techniques agricoles pour subvenir à leur besoin. Ces cueilleurs, chasseurs et pêcheurs ont ajouté à leur arc l’agriculture. Ont-il utilisé la technique de la terra preta, qui consiste à fertiliser les sols pauvres d’Amazonie par un apport de déchets organiques, de charbons, de résidus de récolte, déjections animales, os de poisson ? Cette technique très utilisée en Amazonie a sans doute été pratiquée par les Amérindiens de Guyane.

Une technique est par contre avérée : il s’agit de la culture sur buttes dont des traces ont été retrouvées sur Macouria, Sinnamary et surtout Kourou, dans l’enclave du Centre Spatial Guyanais, où ces champs surélevés, du fait de la fermeture du site, ont été protégés, donc préservés. La première mise en évidence de ces vestiges date de 1964 et est le fait de Pierre Frenay, topographe de l’IGN et découvreur de centaines de buttes lors d’un relevé topographique sur l’enclave du CSG. À l’époque la question se pose de l’origine de ces formations originales. Elles ont été attribuées à des travaux d’aménagement menés par la colonie pénitentiaire, puis à des vestiges de plantation de cacao ou de canne à sucre par les Jésuites, voire à des formations naturelles jusqu’à ce que des études soient lancées par l’ORSTOM. Le Projet Savanes, mené par Stephen Rostain et Pierre Freney, tous deux archéologues, a réuni une équipe pluridisciplinaire constituée de botanistes, podologues, géomorphologues avec l’appui des géographes de l’IGN. Les relevés et la datation au carbone ont confirmé l’hypothèse de vestiges agricoles pré-colombiens.

Cette technique mise en œuvre sur tout le littoral des Guyanes, se retrouve sur des zones inondables et ces champs surélevés étaient de ce fait à l’abri de la montée des eaux. Outre cette protection, ces buttes étaient enrichies naturellement et le rendement était donc plus important.

Selon les recherches menées par les archéologues, cette pratique nécessitait une main d’œuvre importante, mais le rendement n’était pas négligeable : entre 50 et 100 personnes pouvaient se nourrir au km2. En règle générale, elles sont organisées en quadrillages réguliers et même si on ignore encore beaucoup de choses sur cette pratique agricole, on sait que les zones mises en valeur étaient très vastes et le fruit d’une société stable et bien organisée.

La technique des champs surélevée est abandonnée avec l’arrivée des premiers explorateurs. On n’en connaît pas la raison, mais l’arrivée des Européens et de maladies diverses ayant décimé les populations amérindiennes, le manque de mains pour la mise en œuvre de ces buttes et leur entretien, peuvent peut-être expliquer leur disparition.

L’existence d’une importante zone de champs surélevés, à l’est de Macouria, atteste de la forte présence d’Amérindiens sur le territoire. C’est d’ailleurs les seuls vestiges précolombiens encore visibles sur la commune. Ces champs constituent de toute évidence un élément important d’une grande zone d’habitation. En effet, sur le secteur de Sainte-Agathe, des fouilles ont mis au jour un nombre important de céramiques et d’outils lithiques.

Les Palikurs sont les seuls Amérindiens installés sur le territoire de la commune de Macouria au sein de deux villages : Kamuyeneh et Norino. Ils constituent la nation la plus ancienne implantée sur le littoral allant du nord-est du Brésil jusqu’aux rives de l’Oyapock, fleuve frontalier entre la Guyane et l’État du Pará. Certains membres de la communauté ont quitté les terres ancestrales au début des années soixante pour venir s’installer, plus au nord, sur le territoire de Macouria notamment. La communauté Palikur compterait en Guyane entre 500 et 600 membres. À Kamuyeneh et Norino, les habitants vivent selon un mode clanique et ils abritent, sous des carbets, des petits marchés artisanaux où sont proposés différents objets fabriqués selon des méthodes ancestrales : bijoux, paniers, calebasses gravées…

Saveurs et senteurs

Douceur de la vanille et du miel

Le chemin de la découverte des saveurs et des senteurs de Macouria passe naturellement par le jardin botanique et ses 4.500 espèces de plantes. Passionnés d’orchidées, les propriétaires, Corinne et Aurélien Sambin, cultivent depuis 10 ans de la vanille. Il est donc possible d’acheter sur place de grosses gousses chargées de graines à la senteur si caractéristique. Pour y accéder, il faut suivre la RN1 en direction de Kourou pendant environ 5 kilomètres. Sur la gauche, un panneau indique la route à suivre pendant 3 kilomètres pour accéder au jardin.

Autre point de découverte, la miellerie de Macouria, située dans le quartier de la Carapa, avant le bourg de Macouria. Si les installations techniques sont ici, les ruches sont réparties en pleine nature selon les miels que Nicolas Hibon produit depuis 2013. Pour le miel de mangrove, servi à l’Élysée depuis 2017, les ruches sont installées pointe Liberté. Les alentours du village amérindien de Kamuyeneh accueillent les ruches où les abeilles vont produire le miel de savane et enfin le miel de forêt provient des ruches implantées à Matiti et à proximité du zoo. Formé à l’apiculture par le Monsieur Abeille de Guyane, Bruno Gaucher, précurseur avec son exploitation à Sinnamary, Nicolas Hibon produit, grâce à la centaine de ruches, environ 2,5 tonnes de miel par an. Récompensé à de nombreuses reprises, la dernière en date étant la médaille d’or au Salon de l’agriculture de 2017, le miel de Macouria est l’illustration la plus flagrante de l’incroyable biodiversité de la Guyane.

Les plats typiques de Macouria sont, selon l’Association Gastronomie Guyanaise, la daube de coulant et la fricassée d’iguane. La viande de ce grand lézard arboricole, présent en Amérique du Sud, aux Antilles et jusqu’au Mexique, est particulièrement appréciée. Réputé pour ses qualités nutritives et curatives, l’iguane est également recherché pour ses œufs. Quant à la recette, comme toutes les fricassées, elle se prépare avec des épices et condiments qui en rehaussent le goût. Outre la viande de l’iguane et si la saison s’y prête, les œufs sont rajoutés à la préparation.

Le coulant barré et le petit coulant sont, quant à eux, des poissons de rivière de la même famille que l’aïmara (les Erythrinidae). Ces poissons omnivores se pêchent à la ligne dans les criques d’eau vive. Mesurant une quinzaine de centimètres, on peut le cuisiner en daube et le servir accompagné de riz blanc, de haricots rouges et bien sûr de couac.

Biodiversité Mer & Terre

Richesse des savanes herbeuses

Avec Macouria, dès la pointe Liberté, commencent les grandes savanes qui s’étendent jusqu’à Iracoubo. Ces savanes herbeuses souvent inondées en saison des pluies, sont souvent des espaces de grande biodiversité tant faunistique que floristique. A ce titre, douze zones ont été décrétées ZNIEFF, notamment le littoral depuis Kourou jusqu’à la rivière de Cayenne. Les images satellite montrent l’érosion de la côte depuis une vingtaine d’années. La bande littorale d’environ deux kilomètres de large aujourd’hui est en grande partie occupée par la mangrove et ses palétuviers.

Située au sud-ouest de Macouria, la ZNIEFF du marais de la crique Macouria intègre les lits de la crique Macouria et de son affluent, la crique Trois-Rois. Une grande partie de la zone est constituée de pripris, marais d’herbes hautes et d’arbustes. Çà et là, des îlots où poussent les palmiers-bâches, alternent avec des zones de forêts inondables. On y retrouve les plantes caractéristiques de ces milieux humides : nénuphars, fougères aquatiques, lentilles et jacinthes d’eau… Ce biotope favorise le développement d’une avifaune aquatique particulièrement diversifiée : canard musqué, balbuzard pêcheur, buse à tête blanche, martin-pêcheur, milan des marais… Y ont également été recensées deux espèces déterminantes : la rainette Hyla et le lézard caïman. D’autres espèces ont aussi été repérées : deux tortues palustres, Rhinoclemmys punctularia et Platemys platycephala, le singe hurleur (Alouatta macconnelli), le cabiaï (Hydrochaeris hydrochaeris), et deux espèces de loutres guyanaises dans la crique Macouria.

Crique que l’on peut remonter en kayak pour une meilleure observation jusqu’à son estuaire. La mise à l’eau se fait au niveau du pont à la sortie du bourg. Il faut compter environ une heure pour atteindre la mer, et la balade au fil de l’eau offre de belles observations de la faune et surtout de l’avifaune.

A 5 kilomètres du bourg en prenant la direction de Kourou, une petite route sur la gauche conduit au Jardin Botanique de Guyane. Ce jardin créé en 2010 par Corinne et Aurélien Sambin bénéficie d’un biotope varié allant de la savane à la forêt haute en passant par la forêt marécageuse. Sur les trois hectares du jardin, un parcours d’un kilomètre permet de découvrir les 4500 espèces de plantes dont environ 750 orchidées. De quoi avoir un aperçu très complet de la biodiversité floristique guyanaise.

Pour la biodiversité faunistique, le Zoo de Guyane, situé sur la route du Galion, s’étend sur une surface de plus de deux hectares et est implanté sur les communes de Macouria et Montsinéry-Tonnegrande. C’est l’une des attractions phares de la Guyane. Seul zoo de Guyane, il accueille plus de 450 animaux, pour 75 espèces, dont certaines sont endémiques de la Guyane. Outre cette faune à découvrir, la réserve propose la visite d’une serre tropicale de plus de 1000 m2, un parcours botanique et une balade en forêt notamment sur des passerelles suspendues à 10 mètres du sol. Aventure garantie avec un point de vue unique sur la forêt.